Coupable d'avoir retiré son maillot avant
l'arrivée, Mahiedine Mekhissi a été disqualifié du 3 000 mètres steeple.
Yoann Kowal récupère son titre.
À Zurich, le seul adversaire de
Mahiedine Mekhissi, c’était Mahiedine Mekhissi lui-même. Sans rival sur
la piste suisse, le Français a aisément remporté la finale du 3000m
steeple pour ce qui devait être son troisième titre de champion d’Europe
consécutif. Sauf que le Français a tout gâché.
Parti
à l’arrière du peloton, Mahiedine Mekhissi a débuté tranquillement sa
finale. Remonté dans les premières positions à mi-course, il a accéléré
progressivement le rythme pour prendre l’avantage sur ses adversaires
qui n’ont pas pu le suivre. Voyant son avance confortable dans la
dernière ligne droite, il a enlevé son maillot à 150m de la ligne
d’arrivée et a fini la course torse nu, le maillot entre les dents. Une
célébration excessive interdite par le règlement.
Sanctionné d’abord d’un carton
jaune, sans influence pour sa première place, il a ensuite été
disqualifié après une réclamation déposée par l’équipe d’Espagne pour
"conduite antisportive". Quatrième sur la piste, l’Espagnol Angel
Mullera en a profité pour remonter sur le podium. Le titre, lui, revient
à un autre Français. Deuxième sur la piste après avoir réglé le
Polonais Krystian Zalewski au sprint, Yoann Kowal récupère la médaille
d’or de son compatriote et devient, à 27 ans, champion d’Europe pour la
première fois de sa carrière.
Les Français ont bien tenté de porter une réclamation à leur tour... En vain.
Mahiedine Mekhissi a réagi plus tard dans la soirée sur les réseaux
sociaux. Le Français pourrait ne pas prendre le départ du 1500 mètres
vendredi.
Sur quoi porte exactement la réclamation espagnole ?
Ghani Yalouz
: Elle porte sur la première décision d'un juge (de n'attribuer qu'un
carton jaune à Mekhissi, au lieu d'un rouge qui l'aurait automatiquement
disqualifié dès la fin de course). Quand on voit l'histoire de
Mahiedine, et avec quelle facilité il a gagné, la démarche des Espagnols
est antisportive, c'est lamentable. Sincèrement, il n'y avait pas
photo. Ils ont joué sur le fait que c'est l'arbitre qui a mis le carton
jaune, on attaque l'arbitre, c'est de la stratégie, on s'est fait avoir
par la stratégie, mais on ne l'oubliera pas.
Quel est votre sentiment à cette décision ?
G. Y. : Est-ce
qu'on peut oublier le grain de folie, la joie d'un champion qui peut
gagner et qui enlève son maillot ? Laissons les gens s'exprimer, il l'a
fait, c'est dans la joie, ça arrive. Des footballeurs l'ont fait,
Harting (le lanceur de disque allemand déchire son maillot
systématiquement après chaque victoire). Peu importe, Mahiedine Mekhissi
n'a gêné personne, il était largement devant. Il n'a fait de mal à
personne, il a simplement exprimé sa joie à sa manière, c'est vraiment
petit de gâcher une si belle victoire. Même si Yoann (Kowal) récupère la
médaille d'or, le problème n'est pas là, on pense au gamin, à
l'athlète.
Mekhissi va devoir se remettre de cette décision, alors qu'il a vendredi matin les séries du 1500 m...
G. Y. :
Maintenant, il va falloir rebondir, la journée a été très belle, mais il
faut toujours quelques chose pour gâcher la fête. Il faut se
remobiliser et on va surtout aller s'occuper de Mahiedine pour demain et
garder de la sérénité. Il se passera toujours quelque chose, qu'on
laisse les athlètes s'exprimer. Quand je l'ai vu faire ça, je lui ai dit
de remettre le maillot. Je connais le milieu de l'athlétisme, et à un
moment le grain de folie on n'a pas le droit.